SUR LES TRACES DU FAUCON PELERIN
Il n’est pas nécessaire de partir loin pour vivre l’aventure. Les romans, les films, les contes et autres moyens de s’évader sont largement utilisés chaque jour par vous tous. Sans parler du web qui nous distrait parfois de manière chronophage
L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui est pour moi d’un autre registre. Elle est le résultat d’une rencontre improbable entre le possesseur d’un petit trésor et l’ASBL Vert-et-vie. Elle pourrait servir comme scénario pour une bande dessinée.
Nous sommes en juillet 1946 ; la seconde Guerre mondiale est terminée. Elle s’est clôturée officiellement en Europe le 8 mai 1945 avec la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie.
En région Liégeoise et plus particulièrement sur Esneux, l’aurore est déjà loin. Dans la boucle de l’Ourthe, sous le village de Ham désembrumé dès le chant du coq, la rive gauche s’embrase. Le soleil perce la brume matinale, l’air se réchauffe rapidement, les murs s’éclairent sous les rayons dardants, les ombres disparaissent, les portes s’ouvrent, les visages sont souriants. Il fait bon vivre à Fêchereux.
L’Ourthe est rentrée dans son lit après une petite montée des eaux sans dégât lors des dernières grosses pluies. Maintenant elle vient lécher en douceur le bas du hameau et ses prairies.
Comme chaque week-end, la famille Grosjean est réunie dans le chalet familial construit par le père, menuisier. Cette construction faite bien avant la guerre a permis souvent à la famille de se mettre en retrait des risques de l’occupation et des bombardements. Par chance, et grâce à sa situation géographique particulière, le village est resté calme. Les Allemands n’y sont jamais venus. Situé en retrait, au bout des culs de sac des chemins venant d’Avister ou de Hony, le hameau est resté inviolé durant ces années douloureuses. Quelle chance pour toutes les familles et la jeunesse que ce havre de paix.
Aujourd’hui, les enfants jouent au bord de la rivière. Le ciel est serein, et chacun vaque à ses activités dans la détente. Les amoureux de la cuisine préparent le plat du dimanche. Pendant ces mois qui suivent la fin des hostilités, les morceaux de choix restent rares et chers et pas question de gaspillage ! On est en vacances, et les jeunes ados de l’âge de Raymond (10 -12 ans) pratiquent leurs activités habituelles : natation, pêche, jeux de ballon, ping-pong, ou courses folles à pied ou en vélo.
Raymond, lui, souvent, préfère pêcher seul ou avec un ami ou découvrir les environs. La pêche surtout le passionne. Son domaine est l’Ourthe de l’amont de Rosière jusqu’au barrage de Hony. Il parcourt la rivière en pratiquant toutes sortes de pêches ; sur la rive, en barque ou en kayak (qu’on appelait alors « périssoire ! ». C’était l’époque des premiers moulinets à tambour fixe, des belles cannes anglaises en bambou refendu pour le « lancer léger » et « la mouche » ; des montures « ariel » pour le brochet, des premiers fils en « nylon » et des jolies mouches artificielles (les plus grosses pour les truites et les plus petites pour l’ombre) ! A l’époque, les plus anciens racontaient même avoir vu des loutres près de la petite île de Fêchereux !
L’adolescent aime cette nature sauvage de la rivière et ses abords. Il imagine sans peine le Far West de ses lectures favorites – Fenimore Cooper (le dernier des Mohicans), J.O. Curwood (le grizzly), ou Jack London (l’appel de la forêt). Un de ses endroits favoris c’est entre Rosière et Fêchereux, à environ 15 minutes à pied du hameau en remontant vers Esneux, là où coule une eau profonde et calme au-dessus de laquelle passent souvent les rapides flèches bleues brillantes des martin pêcheurs, au sifflement si caractéristique. En surface, de paisibles poules d’eau y vaquent à leurs affaires ; et à l’approche du pêcheur les petits grèbes castagneux s’enfuient en battant rapidement des ailes sur plusieurs dizaines de mètres puis plongent et disparaissent.
Quand il lève les yeux, au-delà de la forêt profonde de rive gauche, il peut voir cette falaise vertigineuse orientée plein sud, si impressionnante. Dans le ciel, c’est un autre spectacle qui l’intrigue : un oiseau semble plus rapide que les autres. Ses lectures lui ont appris à reconnaître les rapaces. L’oiseau est assez petit, mince, avec une petite tête. Ses ailes sont pointues. Son vol est impressionnant d’agilité et de rapidité. Tout à coup, il effectue une manœuvre rapide et fonce comme une pierre lâchée de là-haut sur une proie. C’est un pigeon ! Il fond sur lui et l’attrape en plein vol sans aucune possibilité pour la pauvre victime de s’échapper. D’ailleurs, elle ne s’est probablement aperçue de rien et n’a fait aucun mouvement pour s’échapper. Le rapace, immédiatement et sans toucher le sol, transporte sa proie vers un replat de la falaise et commence à la dépecer.
Rentré à la maison, Raymond raconte le spectacle ; rapidement le rapace est identifié : c’est le Faucon Pèlerin, celui qui a donné son nom à cette falaise magnifique devenue au fil du temps le point de rendez-vous de bien des promeneurs d’Esneux et de loin au-delà !. Il apprend que le faucon pèlerin occupe les lieux depuis toujours. Depuis son aire ou son perchoir il surveille son territoire et ne le partage pas. Ses congénères occupent les autres sites verticaux qui fleurissent dans la vallée au gré des exploitations de carrières ou de sites naturels. Ils s’y sentent bien et prospèrent. On les observe régulièrement.
Dans ses explorations de la nature, la tentation est forte pour l’adolescent de se rapprocher au plus près de ces oiseaux et même de tenter d’entamer l’escalade de cette falaise. Un jour, avec un copain de son âge il va depuis l’Ourthe monter à travers la forêt puis dans les éboulis jusqu’à atteindre le pied de la falaise vertigineuse, et tenter un début d’escalade (évidemment sans cordes de sécurité, et à l’insu des parents !!)
Et là, surprise : sur les premiers rebords de la paroi, il découvre de petits objets brillants. Bien vite, ils sont reconnus comme des bagues attachées aux pattes des victimes des rapaces !
Plusieurs expéditions similaires lui permettront de rassembler pas mal de ces petites pièces d’identité des malheureux pigeons voyageurs, parmi lesquelles même celle d’un pigeon militaire de l’armée U.S. ! Plusieurs « expéditions » vont lui permettre de rassembler des bagues avec parfois encore le petit os de la patte attaché. Au total, le trésor enfermé dans un petit boîtier contiendra une quarantaine de bagues.
Les années passent, Raymond grandit. Appliqué à l’école, il poursuit des études universitaires. Diplômé ingénieur civil des constructions, il entre au Ministère des travaux publics (Ponts et Chaussées – service des voies navigables de Charleroi qu’il dirigera pendant plus de 20 ans jusqu’à la retraite. Son « trésor », il le conservera avec soin. De temps en temps, en songeant au petit boîtier, il se remémore les joies de l’enfance : les bons moments à Fêchereux et cette « Roche aux Faucons » si impressionnante.
A 87 ans à présent, il s’interroge sur la garde ou la transmission de ce petit boîtier : comment lui conserver du sens ? Lui donner une chance d’intéresser quelque passionné ? Mais à qui le confier pour qu’il soit encore apprécié ?
Il a entendu parler de l’ASBL Vert et Vie qui défend la Roche aux Faucons et son environnement exceptionnel. Il a vu le beau reportage de la RTBF dans les « perles de l’été. C’est décidé ! Il va téléphoner au Président pour lui faire part de ce qu’il détient ; Le contact est établi et l’ intérêt est commun sur beaucoup de sujets. L’A.S.B.L. VERT ET VIE ne possède pas de preuve de l’occupation du site par les Faucons Pèlerins. Ces nombreuses bagues de pigeons attestent de la présence de ces rapaces !
C’est un trésor inespéré pour Vert et Vie ! Les bagues sont datées de 1912 jusqu’à la fin des escapades de Raymond en 1949. On sait que les faucons étaient encore présents jusqu’en 1958, et qu’ils sont aujourd’hui en phase de recolonisation de la vallée, mais en concurrence avec le Grand-duc. Ces deux-là ne s’entendent pas : ils sont rivaux comme prédateurs.
Un présentoir est réalisé pour mettre en évidence le trésor accompagné de la liste exhaustive des inscriptions sur chaque bague. Beaucoup d’entre elles proviennent de colombophiles Belges, mais aussi des Pays-Bas (n° 22 et 33) et l’une d’entre elles d’un pigeon militaire de l’armée U.S. (Datée de 1945 -n°25)
Comme quoi l’amusement anodin d’un gamin aimant la nature peut encore avoir des suites positives 75 ans plus tard.
Un grand merci à Monsieur Raymond Grosjean de faire confiance à l’A.S.B.L. pour garder ce trésor qui pour nous devient en quelque sorte la relique de Vert et Vie.
Récit écrit par MM. Raymond Grosjean et Marcel Blaise en décembre 2021
1 B CHENEE 1 01502 ** (coin supérieur Gauche, verticale)
2 BELG 45 793156 (milieu)
3 (tête) 23 43 08986 (milieu droite)
4 FED VERVIERS 4346 PLASTIFIEE (verticale à droite)
PREMIERE LIGNE
5 HERVE SPORT 12 683
6 FC Belg L 17 11437
7 BELGE 19 E 46343
8 BELGE 20 201175 *4 petits trous
9 BELGE 22 2526147
10 BELGE 22 371264
11 BELG 28 I5I2497
12 BELG 29 1545930
13 BELG 37 1523661 *
14 BELG 37T 1565217 *
15 BELG 37T 1513456 *
DEUXIEME LIGNE
16 BELG 38T 7042916 *
17 BELG 40 1024902 *
18 BELG 40 1519943 *
19 BELG 43 241770 *
20 BELG 44 85642 *
21 BELG 45 1402303 *
22 MAASTRICHT 45 1909 LC
23 BELG 45 963575 *
24 BELG 45 3087143 *
25 USA 45 SC 32050
TROISIEME LIGNE
26 BELG 46 1176141 **FENTE
27 BELG 46 12989 **
28 BELG 46 1086078 **
29 BELG 46 1119406 **
30 BELG 46 1054490 **
31 BELG 48 1138396 **
32 BELG 48 8001930 **
33 HOLLAND 48 893082 *
34 BELG 48 1057310 **
35 BELG 48 5094939 **
36 BELG 49 1130722 **
37 BELG 49 1249950 **
38 BELG 49 1083614 **